Ludwig van Beethoven, (1770-1827), compositeur allemand, une des figures marquantes du classicisme. Né à Bonn, Beethoven grandit dans un environnement stimulant, bien que pas toujours heureux. Les signes précoces de son talent musical furent exploités de façon assez rude par son père, chanteur dans la chapelle de la cour du prince-électeur de Cologne. Il effectua au printemps 1787 un bref voyage à Vienne, où il rencontra Mozart. Sa mère mourut peu après son retour et bientôt l'alcoolisme de son père l'obligea à assurer lui-même l'entretien de la famille (notamment de ses deux frères cadets).

 

Les débuts

Ses premières compositions furent écrites sous la tutelle de son maître Christian Gottlob Neefe (1748-1798), organiste à la cour depuis 1782. S'en détache en particulier la Cantate sur la mort de l'empereur Joseph II (1790).

En novembre 1792, Beethoven se rendit une nouvelle fois à Vienne pour y étudier avec Joseph Haydn, dont il avait fait quelques mois plus tôt la connaissance à Bonn. Il ne devait plus quitter la capitale autrichienne. Il se forma également auprès du compositeur Johann Georg Albrechtsberger (1732-1809) et d'Antonio Salieri, et s'imposa, notamment dans les milieux aristocratiques, par ses exécutions et ses improvisations au piano, composant beaucoup pour cet instrument (sonates et concertos). Sa première symphonie ne fut jouée qu'en 1800, et la même année fut terminée la série de six quatuors à cordes opus 18. C'est dans ces genres réputés difficiles que Haydn s'était particulièrement illustré et que Beethoven prit la relève. Les œuvres composées ensuite, dans les premières années du XIXe siècle, montrent qu'il avait parfaitement assimilé le style classique viennois, qu'il mena vers de nouveaux horizons. La période s'étendant de la symphonie n° 3 (Eroica), commencée en 1803, créée en privé en 1804 et en public en 1805, à la symphonie n° 8 (1812), est souvent qualifiée de «!décennie héroïque!» de Beethoven.

La surdité croissante qu'il avait remarquée pour la première fois en 1789 suscita chez lui un sentiment d'isolement social de plus en plus fort. À l'automne de 1802, il rédigea son célèbre Testament de Heiligenstadt, lettre adressée à ses deux frères mais qui ne fut jamais envoyée : on le retrouva dans ses papiers après sa mort. Il en alla de même de la fameuse Lettre à l'immortelle bien-aimée (1812). Le mystère de l'identité de sa destinataire semble avoir été levé dans les années 1970 par le musicologue américain Maynard Solomon. Il s'agirait d'Antonie Brentano, épouse d'un marchand de Francfort et mère de quatre enfants. Pour d'autres, il s'agirait de Joséphine de Brunsvick, issue d'une famille aristocratique et qui, quelques années auparavant, avait apparemment répondu à l'amour du compositeur. De toute sa vie, Beethoven ne se lia cependant jamais définitivement avec une femme.

 

La gloire

Beethoven atteignit le sommet de sa gloire vers 1814, année aussi bien de la troisième et dernière version de Fidelio  opéra chantant à la fois la liberté et l'amour conjugal — que du congrès de Vienne. Après la mort de son frère cadet Casper Carl, en 1815, il mit toute son énergie dans une lutte juridique coûteuse avec sa belle-sœur pour obtenir la tutelle de son neveu Karl, né en 1806. La mère de Karl bénéficia tout d'abord d'un jugement favorable, mais Beethoven obtint finalement la tutelle. Il n'était cependant pas la personne idéale pour assumer un tel rôle, et Karl fit une tentative de suicide en 1826.

Devenu totalement sourd vers 1818, Beethoven communiqua dans ses dernières années au moyen de ses Carnets de conversation sur lesquels les visiteurs écrivaient ce qu'ils avaient à dire, lui-même répondant oralement. Ils ont été en très grande partie conservés et constituent, de même que les esquisses qu'il laissa pour un grand nombre d'œuvres, une source précieuse de renseignements. Mais son «!ami et confident!» Anton Schindler n'hésita pas à falsifier certains passages des Carnets. Dans les années 1820, la gloire de Rossini porta ombrage à celle de Beethoven. La création de la Neuvième Symphonie en mai 1824 n'en fut pas moins un grand triomphe personnel. Beethoven mourut à Vienne, et plusieurs milliers de personnes suivirent son convoi funéraire.

 

Analyse de l'œuvre

Beethoven a composé neuf symphonies, sept concertos (cinq pour piano, un pour violon et violoncelle), seize quatuors à cordes (auxquels il faut ajouter la Grande Fugue), trente-deux sonates pour piano, dix sonates pour piano et violon, et cinq sonates pour piano et violoncelle, un opéra (Fidelio), deux messes, plusieurs ouvertures, des musiques de scène (dont celle pour Egmont de Goethe), un ballet (les Créatures de Prométhée), de nombreuses séries de variations pour piano (dont les Variations Diabelli), des lieder, etc. Il mena à son terme le «!style classique!» de Haydn et de Mozart, mais avec une exaltation des sentiments personnels inconnue avant lui et qui le fit qualifier de «!romantique!». En réalité, notamment par son côté tribun et par son idéalisme, Beethoven fut un vrai fils de la Révolution française : on ne trouve pas chez lui le repli sur soi si caractéristique d'une partie de la génération romantique en 1830. Toujours est-il que la postérité devait donner à son œuvre les prolongements artistiques et humains les plus variés.

Dans ses premières années viennoises, Beethoven oscilla en quelque sorte entre la tentation mondaine et la poursuite des idéaux de Haydn et de Mozart. Les grandes œuvres de la «!décennie héroïque!» relèvent très nettement de la seconde tendance, qu'elles soient particulièrement vastes comme la symphonie n° 3 (Eroica) ou le Cinquième Concerto pour piano (1809, dit de l'Empereur), ou de structure plus condensée comme la symphonie n° 5 (1808) ou la sonate Appassionata (1804), ou plus détendue, comme la symphonie n° 6, dite Pastorale (1808). L'achèvement de la symphonie n° 8 (1812) et, la même année, la fin des espoirs d'une relation heureuse avec l'immortelle bien-aimée, laissèrent Beethoven dans une grande incertitude musicale et humaine. Les quelques ouvrages des années immédiatement postérieures — cycle de mélodies An die ferne Geliebte («!À la bien-aimée lointaine!», 1816), la Sonate pour piano en la majeur opus 101 (1816) — adoptent une tournure expérimentale tout en retrouvant les structures plus lâches des années 1790. C'est dans de telles pages que Beethoven paraît le plus proche de la génération romantique naissante. En 1818 cependant, la vaste Sonate en si bémol majeur, opus 106 (Hammerklavier), d'une longueur et d'une difficulté inégalées, renoua avec les structures serrées du style «!héroïque!».

Les œuvres de la dernière période de la vie de Beethoven se définissent toutes par un caractère individuel que les compositeurs suivants ont admiré mais rarement pu imiter. La Neuvième Symphonie et la Missa solemnis reflètent sa vision globale d'une humanité idéalisée prenant racine dans une divinité suprême plutôt que dans la doctrine catholique romaine. Le style tardif de Beethoven se manifeste aussi dans les trois dernières sonates pour piano opus 109 à 111 (1820-1822) et dans les cinq derniers quatuors à cordes (1824-1826), qui furent d'abord jugés inaccessibles avant d'être considérés comme une des plus hautes manifestations de l'esprit humain.

 

Postérité

Un des legs de Beethoven fut le changement de l'image du compositeur, jadis considéré comme un artisan travaillant sur ordre de l'Eglise ou d'un aristocrate protecteur (rôle qu'à leurs débuts, Haydn et Mozart avaient adopté d'assez bon cœur), désormais (du moins en principe) artiste indépendant vivant de sa production, sorte de grand-prêtre laïque. Son influence musicale fut à la fois vaste (rares furent au XIXe siècle et au début du XXe siècle les compositeurs qui ne se réclamèrent pas d'une façon ou d'une autre de lui) et assez limitée (une quelconque imitation directe était hors de question). Par beaucoup d'aspects, Franz Schubert, son contemporain à Vienne après 1815, lui tourna le dos. Johannes Brahms ne fit quant à lui jouer sa première symphonie qu'à quarante ans passés : l'exemple de Beethoven s'était révélé paralysant. De Richard Wagner il n'existe aucune symphonie de maturité : c'est dans ses opéras qu'il paya sa dette à Beethoven. Franz Liszt paya la sienne dans son unique sonate pour piano, de structure absolument radicale. Pour la symphonie et le quatuor à cordes, ce n'est que dans les dernières années du XIXe siècle et dans les premières du XXe, avec Bruckner, Mahler et l'opus 7 de Schoenberg, que l'héritage de Beethoven fut pleinement assumé.

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