Haendel, Georg Friedrich (1685-1759), compositeur anglais d'origine allemande de la fin de la période baroque, qui excella dans l'art de l'oratorio et qui, synthétisant aussi bien les influences anglaises, allemandes, que françaises ou italiennes, fut apprécié dans toute l'Europe de son temps.

Débuts

Georg Friedrich Händel, suivant la forme allemande de son nom, naquit le 24 février 1685, à Halle, en Allemagne, dans une famille sans éducation musicale. Son père, barbier devenu chirurgien, le vouait à une carrière juridique. Cependant, son propre talent musical se manifesta tellement clairement qu'il reçut, avant même son dixième anniversaire, une formation musicale formelle, prodiguée par le célèbre et savant organiste de Halle, Friedrich Wilhelm Zachau (écrit également Zachow). Ce fut la seule instruction musicale formelle qu'il ait jamais reçue. Bien que son premier poste, juste après son dix-septième anniversaire, fut celui d'organiste d'église à Halle, les préférences musicales de Haendel furent toute autre. Ainsi, en 1703, il partit pour Hambourg, centre de l'opéra allemand!; c'est là qu'il composa, en 1704, son premier opéra, Almira, qui connut un grand succès l'année suivante. Mais, une fois de plus, Haendel ressentit le besoin d'aller plus loin et, poursuivant son désir de devenir compositeur d'opéra, il partit pour l'Italie. Il s'arrêta tout d'abord à Florence, au printemps 1707, puis s'installa à Rome, bénéficiant de la protection de la noblesse et du clergé. En Italie, Haendel fit la connaissance d'Alessandro et Domenico Scarlatti. Il composa des opéras, des oratorios, parmi lesquels on peut citer La Résurrection, donnée à Rome le 8 avril 1708, et de nombreuses petites cantates profanes. Son séjour italien se termina par un succès spectaculaire : celui de son cinquième opéra, Agrippina créé le 26 décembre 1709 à Venise.

Carrière à l'opéra de Londres

En 1710, Haendel quitta l'Italie pour occuper un poste de maître de chapelle (compositeur et chef d'orchestre) à la cour de Hanovre, en Allemagne. À la fin de l'année 1710, Haendel partit pour Londres, où il connut, avec Rinaldo (1711), un second triomphe à l'opéra. De retour à Hanovre, il obtint la permission d'un deuxième court voyage à Londres, dont il ne reviendra jamais. En effet, en 1714, son précédent employeur, l'Electeur de Hanovre, fut couronné sous le nom de George Ier d'Angleterre. La pension de Haendel doubla et il devint précepteur des enfants du roi. En 1717, il composa pour le roi George Ier la Water music pour une fête nautique. Sous la protection du duc de Chandos, il composa l'oratorio sacré Esther, l'oratorio profane Acis et Galatée (1718), onze Anthems Chandos, des grands motets pour chœur, soli et orchestre (1717-1720). En 1719, Haendel fut nommé Master of Music à la toute jeune Royal Academy of Music, qui s'efforçait de promouvoir l'opéra. C'est sous son égide qu'eurent lieu les premières de certains des plus grands opéras de Haendel : Radamisto (1720), Jules César (1724), Tamerlan (1724) et Rodelinda (1725). En 1726, Haendel obtint la nationalité anglaise et anglicisa son nom : il se fit désormais appeler George Frideric Handel. En 1728, la Royal Academy of Music fut dissoute. L'année suivante, il forma une nouvelle compagnie, au King's Theatre, mais il se querella avec un chanteur. Un certain nombre de musiciens suivirent celui-ci et fondèrent une compagnie rivale, Opéra of the Nobility. Les deux compagnies s'effondrèrent en 1734. Haendel monta alors sa propre troupe à Covent Garden, où il fit jouer ses opéras jusqu'en 1737, année où après une attaque de goutte, Haendel se retire quelque temps à Aix-la-Chapelle.

Oratorios

En 1738, Haendel, plus déterminé que jamais, entama une nouvelle période fervente de composition d'opéras, qui prit fin avec Deidamia, en 1741. Toutefois, pendant les années 1730, les deux grands axes suivis par Haendel furent tout d'abord, la composition d'oratorios dramatiques en langue anglaise, en particulier Athalia (1733) et Saul (1739)!; et, en deuxième lieu, l'écriture de grands concertos, les solos concertos, op. 4 (1736, cinq pour l'orgue et un pour la harpe) et les douze concerti grossi, op. 6 (1739). En 1742, il écrit en moins d'un mois l'oratorio Le Messie, qui est la plus célèbre de ses œuvres. Donnée pour la première fois à Dublin le 13 avril 1742, l'œuvre connaît un immense succès également à Londres, en mars 1743. Haendel continue de composer des oratorios au rythme de deux par an environ. Il écrivit des œuvres magistrales telles que Samson (1743), la Musique pour les feux d'artifice royaux (1749), Salomon (1749) ou le splendide et méconnu Théodora (1750). En 1751, il se fit opérer de la cataracte, mais l'opération échoua. Il commenca alors à perdre la vue. La dernière représentation musicale à laquelle il assista, le 6 avril, à Londres, fut celle du Messie. Il mourut à Londres le 14 avril 1759. Il est enterré à l'abbaye de Westminster.

Art et héritage musical de Haendel

Haendel écrivit plus de quarante opéras sérias, vingt-deux oratorios, deux passions : il maîtrisait dans la musique vocale, la souplesse mélodique, l'intensité dramatique dans l'expression des sentiments et l'amplitude des chœurs. Sa musique instrumentale est d'égale qualité. Influencé par l'école italienne, il donne aux violons des parties fluides et virtuoses et tempère l'amplitude, voire la grandiloquence de certains passages, comme dans la musique pour les feux d'artifice royaux ou la Water music, par la finesse d'une ligne mélodique ou la chaleur d'un timbre, comme dans les concerti grossi. Inventif, il joue de grandes variétés de mouvements, dans l'élégance et la souplesse, loin de la structure mathématique de Bach, par exemple.

Son art, pleinement baroque en cela, est un art de synthèse autant que d'invention : il mêle les influences italienne, pour la technique harmonique des concertos et des trios, française, dans l'opéra et les oratorios, dont les ouvertures évoquent fréquemment Rameau ou Lully, anglaise, dans l'art des odes et des hymnes, allemande, dans la musique religieuse, qui évoque parfois Buxtehude, à la chaire de laquelle il voulut succéder au début de sa carrière, en 1703 à Lübeck.

Pendant toute sa vie, Haendel évita les rigoureuses techniques du contrepoint de son compatriote et exact contemporain Jean-Sébastien Bach. Il sut produire ses effets par les moyens les plus simples, faisant toujours confiance à son propre sens inné de la musique. L'héritage laissé par Haendel se situe dans la puissance dramatique et dans la beauté lyrique inhérentes à toute sa musique. Ses opéras sont passés d'une utilisation rigide de schémas conventionnels à un traitement plus flexible et dramatique des formes du récitatif, de l'arioso, de l'aria, et des chœurs. Sa capacité à imaginer de grandes scènes, autour d'un personnage unique, fut imitée plus tard, dans certaines scènes dramatiques de compositeurs tels que Wolfgang Amadeus Mozart et Gioacchino Rossini.

La plus grande contribution de Haendel à la postérité fut, sans aucun doute, la création d'un nouveau genre : l'oratorio dramatique, qui s'appuie d'une part, sur les traditions existantes de l'opéra et, d'autre part, sur la force de sa propre imagination musicale!; il ne fait aucun doute que les oratorios du compositeur autrichien Joseph Haydn et du compositeur allemand Felix Mendelssohn doivent beaucoup à ceux de Haendel. Il fut l'un des premiers compositeurs dont la biographie fut écrite (en 1760), dont les centenaires sont fêtés et dont la musique complète a été publiée (40 volumes, 1787-1797).

On dit que Ludwig van Beethoven tenait beaucoup à l'édition des œuvres de Haendel, qu'il possédait pour sa part. Bien qu'aujourd'hui, comme au XIXe siècle, Haendel soit surtout célèbre à travers un petit nombre de ses œuvres telles que Water Music et Le Messie, des tentatives de plus en plus nombreuses sont faites pour faire connaître au public ses autres compositions, en particulier ses opéras.

 

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